Eric Leguay, ma vie numérique      "Le présent n'est que le futur passé" 

Malgré le souhait de beaucoup d'entre nous de pouvoir discuter tranquillement du sujet sans anathème, nous n'avons pas reçu cette année à la GA : Laure Manaudou. Elle est la preuve que l'on peut être une grande championne et avoir le discernement d'une huître. Affreusement dévoilée par son ex petit ami, elle avait eu le soutien de beaucoup mais aujourd'hui son crédit s'est envolé. Elle vient surtout de découvrir à ses dépends que la communauté des joueurs était soudée et quelle ne se laisserait plus jamais insulter aussi innocemment.

Nous n'avons pas non plus reçu Nadine Morano, habitué des déclarations insultantes et vulgaires, plus en charge des twittos assassins que de son labeur quotidien. Toute la communauté des anonymes attend patiemment le 6 mai au soir pour la voir disparaître à jamais de la toile. Sans talent et sans résultats elle aura pollué nos terrains de jeux numériques. La toile n'oublie pas et ne pardonne pas, elle nous aura bien fait rire parfois mais surtout glacer d'effroi.

Nous n'avons pas non plus reçu Serge Tisseron. Nous l'aimions bien, lorsqu'il soutenait les joueurs et leurs pratiques. Nous étions fan de ses livres révélateurs. Allez savoir pourquoi sa prose éclairée s'est transformée en un prêchi-prêcha indigeste et clérical. Sa conversion en pasteur Anglican, disant le bien et dénonçant le mal, s'inventant un rôle de curé du numérique, ne fait plus rire personne. Monsieur Tisseron, le jeu vidéo, n'est qu'un jeu, et rien de plus, mes biens chers frères vous n'irez pas en enfer...

Enfin dans la catégorie escroquerie intellectuelle, nous n'avons pas non plus reçu Laurent Bègue. Il est en effet à la psychologie ce que Cyril Lignac est à la grande cuisine, un grand bluffeur. Ou comment tout faire pour passer à la télé pourrait être le titre de son étude, si peu scientifique mais si édifiante à lire. Prenez des enfants, faites les jouer à un jeu vidéo violent qui leur est interdit, puis patientez 15 minutes à feu doux. Posez leur une question biscornue et vous en sortez une étude sur l'extrême dangerosité des jeux vidéos. Avec de telles méthodes, il serait capable de prouver que l’absorption prolongée de sushis est criminogène.

Dès qu'il y a de l'argent à se faire sur le dos des citoyens, vous pouvez être certain qu'une banque ou une assurance sera sur les rangs pour soutirer les derniers euros de Madame Michu. Jouer sur les peurs et les craintes n'ont jamais arrêtés la rapacité de ces institutions, qui à longueur d'antennes, disent vouloir notre bien lorsqu'il s'agit juste de nous ruiner. Cette fois ci c'est AXA, quatrième assureur mondial, qui se lance dans la couverture «des dangers d'Internet». Préambule à cela, une campagne publicitaire marquante, qui fera tâche. Car évidemment par principe, Internet est un danger, surtout dans les familles qui hébergent malencontreusement un adolescent. A lire la page d'accueil de l'offre on la croirait directement inspirée et rédigée par Nadine Morano ou Laure Manoudou.

«Quand votre réputation est salie sur Internet, c’est votre famille entière qui est touchée», voilà le slogan, bien anxiogène comme il se doit pour terroriser encore un peu plus les familles déstabilisées par les pratiques numériques de leurs enfants. Car il est clair que seuls les ados ont de mauvaises pratiques, c'est bien connu. Les parents ni connaissant rien, au moins ils peuvent payer pour se sentir en sécurité. Est ce que le risque existe ? Certainement, peut être. Les statistiques sont encore floues. Par exemple ce chiffre pharaonique de 210.000 victimes d’usurpations d’identité, concerne en grande partie les plaques minéralogiques volées. Internet n'a donc rien à voir dans l'affaire, qu'importe, une assurance n'est pas à une manipulation prêt.

Si on regarde dans le détail cette offre « Protection Familiale Intégrale », on renifle l'arnaque à plein tube. C'est « Reputation Squad » qui assure le service de nettoyage du net, pour le reste, Aide à la résolution des litiges, Accompagnement dans les démarches à accomplir, Information juridique par téléphone, Soutien psychologique : c'est de la pipologie. Plus sournois et vraiment indécent les autres protections, Carte bancaire utilisée par une autre personne sur Internet ou litiges avec un e-commerçant , sont déjà couverts par l'assurance de votre carte de crédit. Ainsi donc, pour 150 euros par an cette assurance ne vous couvrira pas grand chose et même pas du ridicule.

Coincé dans votre chambre d’Hôtel, d'une ville de Charentes qui s'éteind à 19h, vous zappez, sur la télécommande de votre écran plat tout en surfant sur le web. Vous tombez par hasard sur une émission de télévision du service public pudiquement intitulée : « Histoire en Série ». On y découvre des drames quotidiens racontées avec la dose de pathos nécessaire. Même si nous sommes très loin de la vulgarité de M6 et du racolage de TF1, l'émission surfe sur le créneau télé réalité avec des vrais gens castés et des histoires patentés « vu à la Télé ». Alors vous souriez devant ces mini saynètes dramatisées, avec des flics patauds et des gens décalés vivant dans des logements d'avant le passage de Valérie Damidot. Les sujets de cette émission tournent autour de disparitions mystérieuses.

Un sujet, vous arrêtes, celui d'Adrien, 22 ans, majeur, étudiant, provincial, comme vous en croisez à Paris, Angoulême ou Poitiers. Il est studieux mais un peu isolé, geek mais pas trop, fan de foot sans histoire, sans relations connues, au physique passe partout. Il a une vie morne et vide comme le siècle sait en produire à la chaîne, avec des parents résignés, dans un décor de catalogue de Monsieur Meuble. N'importe qui de censé aurait envie de fuir, crier, hurler son envie de vivre ailleurs. Adrien, lui a disparu, un soir, sans jamais laisser ni adresse, ni rien de ce que la modernité permet.

Il suffisait d'écouter ses parents conformistes, de voir le décor médiocre de sa banale existence pour excuser et comprendre immédiatement sa disparition. Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut point voir reste le point central de cette émission. Les parents, les amis, l'entourage, ne voit rien, ne sait rien et surtout ne s'intéressent nullement à ce jeune garçon, ni ses passions, ni ses envies. Alors les supputations de comptoir vont bon train, s'il a disparu, c'est forcément la faute à son ordinateur, internet et à ses jeux vidéos qui l'éloignent quotidiennement d'une réalité pathétique. Enfin Adrien !!! dira sa mère qui viole en permanence l'intimité de son fils, arrête l'ordinateur...

Je crois qu'à ce moment, seul dans ma chambre d’hôtel, j'ai crié ma hargne devant autant de bêtise et d'ignorance. Il était évident que pour la télé seul l'ordinateur pouvait être la source d'autant de maux, de souffrance et donc d'envies de s'échapper. La belle affaire, le confident devient à son tour le responsable. L'explication est rassurante pour ces parents « oldfashioned », internet sera le malin. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises, internet ne suffisait pas à justifier une fuite, il fallait quelque chose de plus sulfureux de plus symbolique et satanique. Si Adrien est parti, c'est qu'il était "Homosexuel", la preuve : il aime le groupe Queen et collectionne les photos de footballeurs. Au moyen-âge, il aurait été brûlé comme sodomite, maintenant que son image est largement diffusée sans aucun respect pour sa personne, il ne peut être qu'une « tapette » comme le dis si bien le grand humaniste Louis Nicollin.

Voilà, la morale de cette triste histoire. Sans m'en douter un seul instant, je venais d'assister au mariage contre nature de Nadine Morano et de Christian Vanneste. Homophobie et Intolérance sont le coktail explosif et racoleur de cette émission estampillée année 2012. Bienvenue à France Télévision. Adrien si tu entends ce qui reste de la France Humaniste, vis ta vie, ne te retourne pas sur ce passé médiocre, profites-en, amuses-toi, découvres le monde, fais des rencontres, et oublies vite tes 20 premières années sans odeurs et sans saveurs. Sois libre et vis ta vie...

http://www.pluzz.fr/histoires-en-serie.html

Les images et les extraits proviennent du site Pluzz et de France2 diffuseur de ce programme. La captation partielles des séquences sont issues de mon ordinateur à titre d'information, pour éclairer mes lecteurs et le public des dérives de la Télévision.

Ce fut la semaine de tout les dangers, la semaine de la déclaration de guerre, la guerre des pixels, la guerre numérique. Le Web s'est imaginé et construit sur des idéaux de liberté, de gratuité et de partage, très loin des mécanismes de pensée d'Universal, d'Orange et de Lagardère. C'est cette guerre tellurique et fratricide qui vient de se déclarer. D'un coté, les industriels du contenus, de la musique et du cinéma, qui viennent de comprendre leur mortalité et de l'autre les usagers, citoyens, consommateurs acteurs du Web qui comprennent que la ficelle est un peu grosse. Entre les deux ; le politique, Ponce Pilate numérique, qui n'anticipe pas, ne prévoit pas, ne protège pas, ne tranche pas et prend des décisions au gré de la force de persuasion des Lobbyistes. 

Techniquement tout peut se partager, s'échanger, légalement il y a le droit à la propriété intellectuelle. Aux états unis où le concept du Freeware est très populaire, cela a permis au Web de se déployer et d'apporter à tous des applicatifs ingénieux. Le développeur talentueux et débrouillard inventeur de ces petits applicatifs quotidiens n'est pas considéré comme un artiste et donc ne perçoit pas de droits d'auteurs. Ces développeurs  de l'ombre bridés pendant des années par la puissance écrasante de Microsoft, se sont rués sur l'OpenSource et le FreeWare, afin de se faire connaître et d'implanter leur talents dans nos machines. Ce modèle là a permis l’émergence de Linux, Firefox, OpenOffice etc. L'usager a vite compris son intérêt. Ce qui est libre sera donc gratuit.

Si ce modèle fonctionne avec l'informatique dont les développeurs sont en prise direct avec l'outil de diffusion, il n'en est pas de même avec les artistes dont les moyens de diffusion sont plus larges, plus complexes et passent par des filtres d'éditeurs. Les artistes subissent donc de plein fouet cette déperdition de contenus diffusés librement sur les réseaux. Mais qui se soucie des artistes ? pas Hadopi qui protège d'abord les éditeurs et pas non plus PIPA et SOPA qui protègent les majors du cinéma. Car le paradoxe est là, un artiste veut avant tout être connu et reconnu avant de finir en pâture sur VOICI et GALA. Ces lois ne le protège de rien du tout car si le téléchargement illégal baisse en volume, cela n'augmente pas leurs revenus par la vente de CD ou de DvD. Le mode de consommation a définitivement muté vers du dématérialisé, sans que ne soit prévu un nouveau modèle économique. Le politique ignare en numérique n'a rien pu anticiper n'ayant rien vu venir.

Pourtant la création des internautes a explosé dans la même période sans que cette création ne soit reconnue légalement comme un travail d'auteur (sauf sur les blog qui ont un statut d'éditeur). La création musicale est exponentielle, comme la création dans l'animation, la vidéo, la photo, la BD et l'écrit dont Hadopi tout comme les éditeurs n'ont cure. La guerre est donc déclarée pour forcer les états à trouver un moyen de rémunérer les artistes sans pénaliser, ni fliquer les internautes. La licence globale était une piste intéressante, la taxation des FAI, est une bonne idée, l'ouverture à la vente à bas prix de contenus une proposition à suivre. Les USA comme la France ont d'abord commencé par fliquer sans succès, 10 Millions d'euros par ans de coût d'Hadopi pour un maigre butin sur quelques dizaines de procès à venir.  

Que celui qui n'a jamais téléchargé me jette la première pierre !!! sera ma conclusion de ce premier épisode guerrier. La bataille se poursuit mais je crains que la guerre ne soient perdue d'avance pour les éditeurs car si une plate forme meurt, une dizaine de nouvelles naissent immédiatement. Bientôt il faudra fliquer nos boites mails qui peuvent accueillir des fichiers de plus de 10Mo, et aussi nos clés USB qui pour 9 euros proposent 10 Gigas. Que dire de ces nouveaux artistes que le Web nous a permis de découvrir et qui ne passeront pas par la case Michel Drucker ? Nous sommes sur la faille, et sans aucune démagogie, il faudra pour s'en sortir accepter que le prix des contenus s'effondre mais que son mode de rémunération soit plus large et plus générique. A nous tous d'imaginer un autre modèle...